Le risque zéro existe-t-il ?
Bernard Quiriny
Chronic’art, mars 2009
Ultraviolence et capitalisme impitoyable d’un côté, maternage généralisé et bonne conscience humanitaire de l’autre : Matthieu Jung ausculte notre époque schizophrène dans un roman réaliste acide et jubilatoire. La relève de Houellebecq serait-elle arrivée ?
Pascal, quadra moyen, marié-deux-enfants, un pavillon en banlieue, un bon poste dans une banque d’affaires à Paris et pas tellement d’idées à lui : c’est le héros plus que normal du Principe de précaution, le deuxième livre de Matthieu Jung. Un roman social cruel et implacable, un page-turner captivant (difficile d’arrêter une fois lancé) et, surtout, une observation lucide et impitoyable des années 2000, avec une intrigue qui, en prenant pour décor les événements réels des années 2004-2005, analyse tous les paradoxes d’aujourd’hui : capitalisme élitiste et violent vs État-garderie maternant, omniprésence médiatique du cul vs frustration sexuelle généralisée, exaltation de la solidarité vs incompréhension entre générations, etc. C’est bien vu, diaboliquement efficace, redoutablement percutant : Matthieu Jung chasse sur les terres de Houellebecq (mais pas seulement), renoue avec culot avec la veine du roman « sociétal » (pour ne pas dire « social ») et offre l’un des meilleurs livres de cette rentrée. Entretien.
Chronic’art : Principe de précaution est-il un roman « politique » ?
Matthieu Jung : Lors d’un bref épisode caniculaire qui s’est produit au début de l’été dernier, alors que j’attendais le métro, il m’a été loisible d’entendre pour la première fois de ma vie une annonce recommandant aux usagers de penser à s’hydrater. Lire la suite...